La Bagagerie solidaire 14 s’installera au Pavillon Troubadour (site de l’ancienne ferme de Montsouris) en février 2024.

Lancée en 2018 par le conseil de quartier Mouton-Duvernet et lauréate du budget participatif de la même année à hauteur de 500 000 euros, l’idée de bagagerie a très vite suscité l’enthousiasme de plusieurs personnes qui se sont mobilisées pour passer de l’idée à la réalisation (La Page n°124). Depuis 2019, ce projet est porté par l’association Bagagerie solidaire 14 et compte une cinquantaine de bénévoles. Elle s’inscrit dans le réseau de la dizaine de bagageries ouvertes à Paris et a bénéficié des conseils et de l’expérience de celle du 15e arrondissement, l’Antigel.

La rénovation du Pavillon : une aventure pour l’association
Instituée maître d’ouvrage par la Ville de Paris et épaulée par un architecte et un bureau d’études, l’association s’est lancé dans la rénovation du Pavillon Troubadour construit en 1840. Après des travaux de désamiantage avant toute intervention, les sept entreprises « gros œuvre » retenues après des appels d’offres ont pu commencer les travaux de réhabilitation de ce bâtiment.
La rénovation a conjugué toutes les ambitions et constitué autant de défis* : en plus de l’exigence « carrière », il s’agissait d’opérer une restauration patrimoniale au plus près du style Troubadour. Les carrières ont été sauvegardées et le bâtiment existant, rénové avec des techniques de l’époque de sa construction quand cela était possible ; des procédés plus contemporains ont aussi été utilisés pour le pérenniser. Tout cela a été fait en ré employant au maximum des matériaux et en faisant appel à des technologies éco-responsables comme l’isolation intérieure en terre-paille.
Une extension a été réalisée en faisant appel, là encore, à des techniques anciennes (charpente bois à assemblages traditionnels) et des techniques contemporaines telles que les murs en paille compressée. Cette extension sera dédiée principalement à la « salle des casiers » qui pourra en accueillir une trentaine. Avec ceux du premier étage, c’est une capacité pérenne de plus de 50 casiers qui sera offerte aux usagers.

Des casiers, mais surtout une chaleur humaine
Comment se rendre à des entretiens d’embauche avec un duvet et un sac sur le dos ? Comment entreprendre des soins à l’hôpital sans savoir ce que vont devenir les affaires confiées à un copain de la rue pas toujours très fiable ? Aussi, pour pallier ce manque de lieux de stockage de leurs affaires, le concept de bagagerie est né. Il s’agit donc d’offrir à ces personnes, orientées par des associations partenaires, un lieu où elles peuvent déposer leurs affaires – avec plus de sérénité – dans des casiers pendant tout le temps nécessaire à leur réinsertion. Les partenaires pour la bagagerie du 14e sont Montparnasse-Rencontres, le Secours catholique, Aurore, La Mie de Pain et les Enfants du Canal.
Mais une bagagerie n’est pas une simple consigne. C’est aussi et peut-être surtout un lieu d’accueil, un lieu de vie, un lieu de rencontres avec des bénévoles qui en assurent la gestion et font les permanences.
Une bagagerie, c’est un lieu où l’on ne pose pas uniquement ses affaires matérielles. Devant une boisson (non alcoolisée) c’est rencontrer des gens avec qui discuter, échanger. Des gens qui connaissent les mêmes galères mais aussi avec des personnes éloignées de ce quotidien. La bagagerie c’est aussi une offre de prises électriques (pour les recharges de mobiles), d’ordinateurs (les démarches administratives étant de plus en plus dématérialisées), de sanitaires et de cabines pour se changer. Il y a également une cuisine. La Bagagerie solidaire est ouverte les lundis, mercredis et vendredis le matin (entre 7h et 9h) et le soir (entre 19h et 21h). Les bénévoles sont les bienvenus ! Le projet est financé pour l’essentiel par la Ville de Paris. Les dons et les financements privés contribuent au fonctionnement quotidien de la bagagerie.
Après une longue bataille pour le maintien de ce patrimoine de l’arrondissement, il est bien qu’un projet d’utilité sociale y prenne place.

Muriel Rochut
(*) Source : les lettres d’information de l’association Bagagerie solidaire